dimanche 22 janvier 2017

Niourk, de Stefan Wul

(Bonjour à tous! :) Aujourd'hui j'inaugure un nouveau concept sur le blog! Dans la section "la Bibliothèque du Zeppelin" dans les onglets, vous pourrez accéder à des critiques littéraires écrites par mes soins, avec à chaque fois une illustration de couverture que j'aurai réalisé. Voici la toute première! :) )








































Je ne suis pas particulièrement féru de science fiction, malgré toute la bonne volonté que j'ai mise pour lire les classiques. Je me suis acharné car après tout, ce genre a tout pour me plaire. J'ai commencé Fondation et Robots de Asimov, je n'ai jamais pu les finir. J'ai bien lu 3 ou 4 tomes de la série Dune de Frank Herbert mais je n'ai jamais poursuivi. L'univers me fascinait, mais il me manquait quelque chose, tout comme chez Asimov. Un peu plus de limpidité peut être, dans le choix des termes, un peu plus de poésie dans le style, d'ambiances. Je suis le premier à défendre Dune et l'adaptation de Lynch pour leur univers, mais j'avoue que sur le style de Franck Herbert, j'ai du mal à en caser une... Ces auteurs étant considérés comme des maîtres en la matière, j'ai fini par admettre que la littérature de science-fiction n'était pas faite pour moi. Jusqu'à ce que je m'y intéresse à nouveau récemment après la lecture de Niourk de Stefan Wul.

Il y avait déjà bien longtemps que je connaissais Stefan Wul comme un auteur phare de la Science Fiction Française. Pourtant il m'a fallu quelques années avant de me lancer dans la lecture de son œuvre. C'est souvent comme ça, il faut parfois du temps pour qu'une bonne idée germe.
Je l'avais découvert par pur hasard en traînant une après midi dans une librairie de bandes dessinées, où je suis tombé sur l'adaptation d'Olivier Vatine de l'oeuvre la plus connue de cet auteur : Niourk, dont j'aimerais parler dans le présent billet. Pourtant, la bd n'avait pas grand chose pour me plaire : le style de dessin me semblait très classique. Mais il était aussi synthétique, terriblement efficace dans ses compositions. J'ai acheté la bd, en n'étant pas sûr qu'elle me plairait. Je l'ai encore aujourd'hui, et elle reste un souvenir agréable de lecture.



Pourtant, malgré son univers convaincant et la justesse de sa narration, je sentais qu'il manquait quelque chose... Cette bd était la partie émergée de l'iceberg, ne donnant qu'un aperçu de la profondeur du récit qui l'avait inspirée.
Et un soir où j'étais dans les rues parisiennes je suis tombé sur un tas de livres abandonnés sur le trottoir, au milieu des déchets. Evidemment, en bon rat de bibliothèque, j'ai fouillé. Et parmi toute une liste de livres traduits en langues inconnues, d'essais littéraires dont le titre inspire déjà le suicide, il y avait... Niourk. Avec une illustration d'Enki Bilal, du temps où l'encrage ne l'emmerdait pas encore. Et à l'intérieur des illustrations très scolaires mais bienvenues de Victor de la Fuente, auteur de bd reconnu en son temps et complètement tombé dans l'oubli aujourd'hui. Ce livre a bien traîné deux ans sur mes étagères avant que je ne me décide à l'emporter en voyage, peu convaincu que j'en viendrai à bout.
Et pourtant j'en suis là aujourd'hui... Je pense que ce livre était fait pour moi et qu'il a croisé la route de mes lectures au bon moment.




Niourk est un roman accessible à tout âge, il se lit très facilement, mais il n'en est pas moins riche dans l'évocation de son univers et son style ni moins sérieux dans les thèmes qu'il aborde.
De Niourk, je retiens un monde âpre, résultat des négligences écologiques de l'Homme, où celui-ci, revenu à un stade primaire, précipité dans ses premiers âges, ne peut que tenter de survivre comme une bête inculte, désorganisée, et sans mémoire du passé. En effet, qui dans la tribu, se souvient de ce qui a asséché les océans ? De qui a construit les grands temples de béton à la surface devenue montagne ? De la naissance des Monstres octopodes, qui semblent être là depuis aussi longtemps que les fauves ou les oiseaux existent ?

Niourk c'est d'abord ça, une humanité déchue des sommets vers les profondeurs des océans asséchés, et qui peine à retrouver sa place au sommet de la chaîne alimentaire. Le savoir étant plus que jamais source de pouvoir, certains comme le Vieux le gardent jalousement, et ainsi se perd la mémoire des temps anciens, ainsi s'installent la peur, puis les superstitions face à un monde où personne n'est plus aussi vieux que le Vieux pour comprendre.
Ainsi, New York devient Niourk, la ville des Dieux.


Niourk, c'est ensuite le destin de l'humanité, à travers le périple de l'enfant noir, rejeté par sa tribu à cause de sa couleur de peau. Exclu de tout ordre social, son instinct de survie le pousse à fuir lorsque le Vieux disparaît au cœur de la cité des dieux. Les destins de l'enfant noir et de la tribu se scindent alors en deux pour se rejoindre plus tard. Thoz, le chef de chasseurs, devra conduire son peuple sur le chemin de guerre pour vaincre la peur des monstres. L'enfant noir découvrira dans la solitude les bienfaits de l'intuition et de la curiosité, du pouvoir et de la pitié, qui le mèneront à douter de l'existence des dieux, et à franchir un cap décisif de l'évolution de l'humanité, qu'elle n'avait jamais atteint auparavant.
Car c'est de cela qu'il est question : si fin il y a pour notre espèce, sera-t-elle définitive ?
Dans Niourk, « Dieu » selon les Vénusiens, n'est qu'une superstition rudimentaire de l'homo sapiens face à l'inconnu. Mais ce que l'on apprend de l'enfant noir, c'est que si l'on supprime Dieu, il faudra toujours mettre quelque chose à la place. Et ce quelque chose ne peut être vrai et pleinement entrevu que par le biais de la connaissance. Dans Niourk, il est question de pouvoirs incroyables, de l'homme pouvant acquérir la maîtrise totale des forces de l'Univers. Mais si un jour nous atteignons ce pouvoir, que pourrions nous en faire ? Ne nous mettrions pas nous mêmes à la place de Dieu ? Cette perspective est terrifiante, mais Stefan Wul la résout avec simplicité et subtilité. Je vous laisse à la lecture du livre pour découvrir ce qu'il en est !




Niourk, c'est une histoire que j'aimerais croire vraie, même si l'humanité y est en péril. Car l'écriture de Wul m'a happé dans un monde terrible et me l'a rendu familier, en convoquant des peurs liées à la modernité : les monstres poulpes, nés de nos déchets nucléaires, les océans asséchés, sans doute à cause d'un réchauffement climatique ou je ne sais quelle catastrophe provoquée par l'homme. L'humanité qui reste sur Terre n'est pas n'importe laquelle : c'est vous, moi, car si la civilisation s'effondrait, nous serions incapables de construire ne serai-ce qu'une ampoule. Ceux qui savent se seraient enfui depuis bien longtemps. Et dans ce monde, que diriez-vous à vos enfants pour expliquer pourquoi le tonnerre gronde ? Pourquoi les images parlent sur les panneaux publicitaires ? Sans doute comprendront-ils sommairement, mais l'expliqueront-ils mieux à leurs enfants à leur tour ? Niourk se situe là : au moment où la civilisation a disparu des mémoires.

J'espère vous avoir donné l'envie de vous intéresser à l'oeuvre extraordinaire de Stefan Wul. N'étant pas scientifique, il n'était pas destiné à la science-fiction. Et pourtant il a accouché d'une dizaine de romans, tous des classiques incontournables du genre, qui ont inspiré à la fois des illustrateurs et des réalisateurs de cinéma : OMS en série, son cinquième roman, fut adapté en film d'animation par René Laloux sous le titre « la Planète Sauvage » en 1973.



Je vous souhaite à tous de vivre, selon les mots de l'enfant noir, « la seule vie qui vaille la peine d'être vécue ».

Et le petit bonus musical pour la tradition :)





mardi 10 janvier 2017

Noël en retard

Hey! Je prépare une petite surprise pour le blog! :)
Quelques extraits d'une illu sur laquelle je travaille en ce moment et qui concerne la dite surprise!





















































































































































A plus! :)